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ISSN 2195-3171

Predigtreihe: Johannes Calvin, 2009

Romains 5,1-11, verfasst von Philippe Kneubühler

 

Jésus est mort pour nous !

Voilà un slogan qui a connu un succès considérable : on eut le lire sur des affiches, dans des journaux, on le prêche dimanche après dimanche. Et avec raison, car il s'agit bien d'un élément central de la foi chrétienne. Mais comprenons-nous vraiment le sens de cette phrase ? Est-il évident de penser que tout un chacun peut saisir la portée de cette affirmation en ce début de 21ème siècle ? J'en doute. Le texte de Romains 5 nous donne l'occasion d' réfléchir.

Traditionnellement, deux interprétations sont proposées : celle du sacrifice expiatoire est pratiqué dans de nombreuses religions et fait partie intégrante du judaïsme au temps de Jésus. De quoi s'agit-il ? Une personne ou un peuple a offensé (son) Dieu. Un péché ou même plusieurs ont mis la divinité en colère qui exige un sacrifice de réparation pour purifier le pécheur et rétablir une relation harmonieuse. Le plus souvent, c'est un animal qui fait les frais de l'opération : bœuf, agneau, colombe. L'acte de sacrifice exprime l'aveu d'une ou plusieurs fautes et procède d'une démarche consciente de demande de pardon et d'un amendement ritualisé. Ce processus implique un lieu sacré dédié au sacrifice (temple ou autel) et un clergé habilité à accomplir le rite selon une procédure bien précise. Cette interprétation a été reprise et enseignée dans le christianisme, mais ce n'est pas ce que dit Paul en Rom 5, ni d'ailleurs ce qui reflète de manière appropriée le sens de la mort de Jésus. Il y a bien sûr des analogies dont la plus évidente est la présentation de Jésus comme une victime innocente, mais il y a surtout beaucoup de différences, notamment le manque de remords de la part de l'humanité censée offrir Jésus en sacrifice.

Venons-en à la mort de substitution !

Ici une personne meurt à la place d'une autre soit volontairement soit contrainte et forcée. Le contexte n'est plus religieux, mais politique ou judiciaire. Un acte a été commis qui exige réparation. Cet acte est ressenti comme tellement grave qu'il demande une exécution capitale. Œil pour œil, dent pour dent. C'est la justice humaine, une mauvaise et cruelle justice humaine. Les nazis ont procédé de la sorte en exécutant des innocents à la place de résistants qui avaient commis des attentats.

Sous sa forme volontaire, c'est un acte noble d'une haute élévation morale. Je pense notamment à ce prêtre polonais qui en camp de concentration s'est proposé pour mourir à la place d'un père de famille. Il a d'ailleurs été canonisé pour cela. On voit bien qu'il ne s'agit pas de cela avec la mort de Jésus, même si, ici aussi, des analogies peuvent être repérées : Jésus n'a pas pris la place d'un coupable désigné. Il est mort « pour » et pas « à la place de ».

Le plus terrible dans ces interprétations de la mort de Jésus est l'image de Dieu qu'elles véhiculent : un juge intransigeant, un bourreau qui exige le sang d'un innocent qui de surcroît est son propre fils.

Ces interprétations erronées sont pourtant répandues, sans doute parce qu'elles flattent notre besoin d'une justice rétributive simpliste. Inutile de souligner que nous nous trouvons ici à des années-lumière du Dieu de l'Evangile de Jésus-Christ.

 

Mais Jésus est bel et bien mort pour nous. Comment cela ?

Il est mort pour nous. Il a donné sa vie pour nous. Le sens est bien celui que nous donnons spontanément à cette phrase: donner sa vie pour quelqu'un, pour quelques-uns, pour leur bien. Nous connaissons tous des exemples célèbres ou plus discrets, voire secrets, de ce mouvement d'altruisme poussé qu'au bout. En Suisse nous penserons peut-être à Winkelried. On dira volontiers qu'il s'est sacrifié pour sa patrie, pour sa famille, pour ses amis, mais on a tort : cela n'a rien à voir avec un sacrifice si l'on donne à ce mot son véritable sens, son sens  religieux. Paul met ici les points sur les i : donner sa vie ? C'est possible, cela existe, même si c'est exceptionnel et que cela implique généralement une relation privilégiée : on le fait  pour ceux que l'on aime, pour les siens. Mais pour des inconnus ? Ce n'est pas évident. Pour ceux qui vous rejettent ? C'est impensable ! Pourtant, c'est ce que Dieu a fait pour nous en Jésus.

Vous me trouvez dur ? Vraiment ? Qui sommes-nous d'un point de vue croyant ? Des créatures de Dieu. Or, depuis qu'il y a des êtres humains sur terre, ce qu'ils aiment par-dessus tout, c'est eux-mêmes. Certes il y a des exceptions. Elles sont rares. Ils se préfèrent, nous nous préférons à tout, à tous, et bien sûr aussi à Dieu. Dans le plan de Dieu pour l'humanité, tout va de travers.  Comme l'écrit Pierre Prigent : « L'homme ramène tout à lui alors qu'il était fait pour se donner à Dieu. C'est l'échec, l'opposition, l'égoïsme qui engendre la colère. Dieu se fâche et le monde aspire à la grande réconciliation. L'humanité s'enferme-t-elle dans la carapace de son autosatisfaction, dans la recherche de l'assouvissement de ses désirs ? Il faut donc que ce mouvement soit inversé. Il faut prouver que l'homme est fait pour le mouvement inverse. Il faut qu'un homme vienne attester qu'il n'est pas de plus beau destin que de servir Dieu, c'est-à-dire de l'aimer, et d'aimer son prochain. Cela seul est le prix de la vie. Vivre pour cela a plus d'importance que tout. Cela vaut la peine de donner sa vie pour d'autres que soi, même pour d'autres qui ne le demandent pas ou n'en veulent pas ! »

Le Christ est mort pour nous, pour nous montrer le sens ultime de l'existence, la clef de la liberté et du bonheur.  Par sa mort, Jésus nous dit que l'amour de Dieu est plus fort que la mort. Le Christ est mort pour nous. Oui, mais ce n'est ni un sacrifice, ni un rachat, mais un don complet et gratuit qui ouvre à une nouvelle compréhension de l'existence, à la possibilité d'une réconciliation avec Dieu. Une humanité nouvelle peut naître de ce don. Nous sommes appelés à en faire partie. Le don ultime du Christ sur la croix en est la porte d'entrée et seule la foi peut initier et soutenir le mouvement qui y mène. En effet, c'est uniquement dans la foi que nous pouvons reconnaître le bien-fondé de la nécessité d'une renaissance à une nouvelle vie marquée par la vocation à l'amour, au don, à la gratuité, à la confiance. Alors apaisés, justifiés et réconciliés, nous pouvons faire la paix avec Dieu, avec les autres et surtout avec nous-mêmes. Ce don de soi qu'a accompli Jésus sur la croix fait naître l'espoir : si lui nous a fait confiance, s'il croit que nous pouvons changer pour le meilleur alors nous pouvons nous aussi croire en nous, croire en l'homme grâce à Dieu.

Le Christ est mort pour nous, c'est pourquoi nous pouvons recevoir dans nos vies et dès maintenant le salut qui n'est autre que la promesse d'une vie construite sur la confiance et l'amour.

Amen.



Pasteur Philippe Kneubühler
Montpellier
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